Sur la route de Bergerac ,6 rue font des malades Lorsque l'on découvre la fontaine actuelle, on se trouve face à un parallélépipède rectangle minéral très massif. Il est percé de six bouches d'eau, trois à l'ouest et trois à l'est. Cette construction est entourée de rigoles qui reçoivent l'eau et qui, à l'ouest, se prolongent par un grand bassin trapézoïdal peu profond (qui n'existait pas à l'origine). En s'approchant, on découvre que ce parallélépipède est composé de plusieurs couches de pierres de différentes épaisseurs. Il y en a quatre et ces épaisseurs sont croissantes en allant du bas vers le haut. La couche supérieure se compose de sept pierres allongées et jointives, disposées d'ouest en est, à l'inverse des soubassements. Sur cette surface apparaissent, aux angles, des morceaux métalliques encore fichés dans la pierre. Ces pierres, calcaires, sont d'un grain serré, polies et d'une couleur gris pâle à foncé en fonction des lichens qui la recouvrent. Ce qui attire l'œil, c'est également la couleur bistre plus ou moins foncée de la pierre, à côté et en dessous des bouches d'eau, alors que les sept pierres du sommet ont conservé leur couleur plutôt claire d'origine. Les six bouches d'eau semblent en fonte, à patine vert foncé. Chacune d'elles a la forme d'un bec arrondi et strié, d'environ 8,5 cm de diamètre. Elles s'appuient sur la pierre par un losange.
A titre de comparaison, la description de la fontaine des malades que donne en 1851 l'abbé Audierne dans son ouvrage Le Périgord illustré: Les lépreux de la maladrerie voisine venaient puiser leur eau dans cette dernière, ce qui lui valut la dénomination de fontaine des malades qui s’est imposée avec le temps et est parvenue jusqu’à nous. A cette époque, la gestion de l’eau était si cruciale qu’elle conduisit en 1321 la population, qui accusait les lépreux d’avoir empoisonné les puits, à les châtier impitoyablement : « on les dépouille, on les enfume, on les torture, on les met à la question, on les brûle vifs. Quant aux lépreuses, on les emmure vivantes ». Il ne resta que de rares survivantes…
A la fin du moyen âge, la population ayant encore augmenté, les édiles périgourdins se préoccupèrent de l’approvisionnement en eau de la ville. En 1478 Raymon Lambert, receveur des deniers communaux fit venir à Périgueux trois maîtres fontainiers. Secondés par l’architecte Guillaume de Ladoux et le maître maçon Gérard Busset, ils entreprirent des travaux dans le but de capter la source et de mettre en place des canalisations qui conduiraient l’eau jusqu’au faubourg de Tournepiche. Cette première tentative fut infructueuse mais n’interrompit pas l’ardeur des édiles à trouver une solution au problème de l’eau. Après des travaux à partir de l’Arsault, on revint en 1567 à la fontaine Saint-Hippolyte et cette fois l’entreprise parvint à son terme. Un document émanant du consulat parle de « conduire et faire charroyer des bois et arbres chastaniers, aptes et nécessaires à faire les tuyaux à conduire [l’eau de] la fontaine Saint Hippolyte, communément appelée des Malades, jusque aux faulx bourgtz de Tournepiche ». A cette période d’activité fontainière soutenue succédèrent des siècles d’inaction qui coïncidèrent avec le déclin de la ville causé par les guerres de religion, l’épisode des croquants et la Fronde. On recourait alors au service de marchands d’eau dont la fontaine des malades était le principal point de ravitaillement. On se procurait alors l’eau au prix d’« un sou la seille ». Les vestiges de ces canalisations furent retrouvés par deux fois, en 1815 et 1931. M. Dupuy communiqua en 1931 la découverte qu’il fit « à trois pouces sous le sol, près de la fontaine des malades » en ces termes : « c’est un tronc d’arbre de bois dur de 1,50 m, percé à l’intérieur d’un trou de trois pouces de diamètre ; il porte encore à l’une de ses extrémités l’armature de fer qui servait à le relier avec le tuyau suivant ». Après les importants travaux effectués de 1834 à 1836 à l’initiative du maire, M. Marcillac, l’eau destinée à alimenter la ville fut amenée du Toulon. D’importantes cérémonies célébrèrent l’événement. Dès lors, la fontaine Saint Hippolyte retrouva son activité originelle : on allait sur place y chercher une eau qui peu à peu acquit une réputation d’eau bienfaisante, sinon miraculeuse. En témoignent les pointes de fer, destinées à recevoir des flambeaux pour une utilisation quasi religieuse en guise d’exvotos, qui furent scellées sur les pierres de la fontaine. On chercha à expliquer scientifiquement les vertus particulières de cette eau dont l’action se traduisait par « une sensation particulière de bien être, de rajeunissement des cellules » que le majoral du Félibrige, Robert Benoît, dit avoir éprouvé après 15 jours d’une cure matinale à la fontaine des malades. Un sourcier, M. Nicolas, en reconnut le caractère radioactif, qu’un photographe radiesthésiste, M . Astre, attribua à l’action du wolfram : « j’emportai un échantillon de la fontaine des malades, afin d’étudier la persistance de la radioactivité. Après 3 ou 4 jours, toute réaction du wolfram a disparu. Elle aurait donc, passé ce temps, perdu toute radioactivité ».